L’Éthiopie double le plafond de rétention des devises étrangères pour les exportateurs




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Le 11 août 2023, la Banque nationale d'Éthiopie (NBE) a annoncé un amendement à la directive n° FXD/79/2022 régissant la conservation et l'utilisation des recettes d'exportation et des envois de fonds entrants (la « Directive modifiée »). Cette modification a été effectuée via la Directive portant modification de la directive n° FXD/84/2023 sur la conservation et l'utilisation des recettes d'exportation et des envois de fonds entrants (la « Nouvelle Directive »). La nouvelle directive double effectivement le pourcentage de devises étrangères que les exportateurs sont autorisés à conserver sur leurs recettes en devises. Dans l'annonce officielle, le gouverneur de la Banque nationale a souligné que cette mesure visait à atténuer le taux d'inflation de l'Éthiopie, qui avait dépassé les 30 % au cours des deux années précédentes, avant d'enregistrer une légère baisse à 28,8 % en août 2023.
L'annonce faite le mois dernier par le NBE autorise les exportateurs à conserver 40 % de leurs recettes d'exportation en devises étrangères, soit le double du montant autorisé par la directive modifiée. Toutefois, le montant de la retenue pour les envois de fonds entrants reste inchangé à 20 %. La nouvelle directive pourrait encourager les exportations en introduisant des incitations positives.
Retracer l'évolution
La démarche visant à permettre aux exportateurs de conserver leurs recettes en devises a trouvé son origine en août 1996, lorsque le NBE a introduit la directive n° FXD/02/1996 :
Directive n° FXD/02/1996 :
Accordé aux exportateurs le privilège de conserver une partie désignée de leurs recettes d’exportation en devises étrangères.
La première série d'amendements en octobre 1996 s'est concentrée sur l'augmentation du montant autorisé de rétention de devises (FCY).
Directive FXD/11/1998 :
Autorisé les exportateurs à conserver 100 % de leurs recettes d’exportation.
Je l'ai distribué entre les comptes A et B dans un rapport de 10:90.
Compte A : les exportateurs étaient autorisés à conserver 10 % du FCY pour une période illimitée.
Compte B : les exportateurs conservaient 90 % du FCY pendant 28 jours, après quoi il serait automatiquement converti en monnaie locale.
Directive n° FXD/48/2017 :
Ajustement des taux de rétention FCY à une répartition de 30 : 70 sur les deux comptes.
Compte A : les exportateurs étaient autorisés à conserver 30 % du FCY pour une période illimitée.
Compte B : les exportateurs conservaient 70 % du FCY pendant 28 jours, après quoi il serait automatiquement converti en monnaie locale.
Ajustement politique en 2021 :
Le montant du FCY retenu pour les exportateurs est passé à 45 %.
Les comptes de rétention A et B ont été regroupés en un seul compte sans délai imposé pour la conversion.
Directive n° FXD/79/2022 :
Mis en œuvre en raison d’un besoin urgent de stabilité monétaire.

Obligation des entreprises à restituer 80 % de leurs revenus en devises.
Le montant restitué a été automatiquement converti en Birr éthiopien.
Cela a marqué un tournant plus strict dans l’évolution politique.
Implications économiques possibles
Lors de l'évaluation de l'impact de la directive la plus récente, il est essentiel de considérer deux résultats potentiels. D'une part, la directive introduit des incitations positives pour encourager les exportations. La directive modifiée, qui obligeait les exportateurs de divers secteurs, notamment la transformation de la viande, les céréales, le café, le sésame et le cuir, à restituer jusqu'à 80 % de leurs recettes en devises, a été une préoccupation majeure. En conséquence, les recettes d’exportation sont en baisse, les exportations de café, par exemple, ayant chuté de près de 80 millions de dollars depuis 2022. En outre, l’industrie du cuir, où le coût élevé des intrants chimiques, entraîné par un accès limité aux devises étrangères, a grimpé en flèche. les dépenses de production, souffrent également. Cela a entraîné une réduction de la capacité de production, des fermetures d’usines et des pertes d’emplois, affectant non seulement les producteurs individuels mais aussi l’économie éthiopienne dans son ensemble.
D'un autre côté, une autre conséquence de la nouvelle directive pourrait concerner des inquiétudes concernant une réduction de la concentration gouvernementale de FCY, qui pourrait être atténuée par des mesures stratégiques. Par exemple, garantir que les exportateurs participent activement au marché du FCY en fournissant légalement du FCY aux importateurs et aux entreprises allégerait le fardeau de la Banque nationale. Attirer davantage d'investissements directs étrangers (IDE) grâce à un cadre juridique solide et à des conditions commerciales favorables peut également contrecarrer toute diminution potentielle des avoirs en devises du gouvernement. Enfin, garantir que les entreprises publiques telles qu’Ethiopian Airlines puissent contribuer plus efficacement aux réserves de change pourrait être un autre moyen de réduire l’impact.